Inédit en français, extrait du recueil «The People Look Like Flowers At Last» (2008). Copyright Yves Sarda pour la traduction française.
bon dieu les chiens aboient des couteaux
et sur les monte-charges
des bonhommes en meccano
décident de ma vie et de ma mort ;
les faucons louchent
et il n’y a rien à sauver ;
faites-nous connaître l’impossible
faites-nous savoir que les hommes forts meurent en meutes,
faites-nous savoir que l’amour s’achète et se garde
comme un chien-chien – un chien qui aboie des couteaux
ou un chien qui aboie de l’amour ;
faites-nous savoir que vivre sa vie
parmi des milliards d’idiots à la sensibilité moléculaire
est un art en soi ;
faites-nous connaître les matins les nuits et
la perfidie ;
laissez-nous partir avec l’hirondelle
laissez-nous lyncher le dernier espoir
laissez-nous trouver le cimetière des éléphants
et le cimetière des fous ;
laissez ceux qui chantent des chansons de leur invention
laissez les chanter aux idiots aux menteurs
et aux planificateurs stratégiques
dans un jeu trop ennuyeux pour les enfants ;
il n’y a qu’une unique façon de vivre
c’est seul,
et une unique façon de mourir, c’est pareil ;
j’ai entendu défiler leurs armées au pas
toutes ces années ;
que c’est fastidieux –
ce qu’ils visent et ce qu’ils ont gagné ;
que c’est fastidieux qu’ils soient mes maîtres
et me suivront sans doute dans la mort
ajoutant davantage de mort à la mort ;
la voie est entièrement creuse –
je touche un petit anneau à mon doigt
et respire l’air
battu.