Quand les jurés du prix Goncourt décernent le Nobel de la paix…

Il faut réconcilier l’Orient et l’Occident, célébrer l’altérité et le métissage contre l’évidence d’un islam devenu fou : tel est le message délivré par les jurés du Prix Goncourt et pour la plus grande satisfaction de mon ami Tahar Ben Jelloun. Certes, le roman de Mathias Enard vaut son pesant d’ennui, mais comme le dit si bien la quatrième de couverture, il est « enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer« . Ne reculant devant rien et surtout pas devant le ridicule, nous apprenons également que le fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre (je n’invente rien).
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« Un choix politique », dit Bruno de Cessole dans Valeurs actuelles. Une façon subtile d’éliminer Boualem Sansal  qui, lui au moins, est au cœur des guerres de religion dont il a vécu les prémices en Algérie. On peut également, en suivant les judicieux conseils de Jérôme Leroy dans ce même numéro de Valeurs actuelles (4121) relire Pasolini dont les Écrits corsaires et Les lettres luthériennes sont toujours d’actualité. Il est toujours surprenant de voir combien le passé est plus actuel que le présent. Quant au futur, rares sont ceux qui l’anticipent. Nous en convenions avec l’ami Jérôme: Soleil Vert de Richard Fleisher est le chef d’œuvre du genre.

Nazisme, islamisme et paternalisme…

Il est toujours troublant, quand on suit par mégarde un débat à la télévision (par exemple Ce soir ou jamais, hier 16 octobre) et qu’il est question d’Israël et de la Palestine, de ne jamais entendre un participant rappeler les liens plus qu’étroits entre les nazis et les musulmans, alors que de nombreux ouvrages d’historiens ont rappelé des faits qui projettent sur l’actualité récente un passé peu glorieux. Depuis le grand mufti El-Husseini de Jérusalem, un père spirituel d’Arafat, qui projetait en 1946 de poursuivre le combat d’Hitler jusqu’à Sayyid Qutb – le Karl Marx du monde musulman – pour lequel tout ce qui est juif est mauvais et tout ce qui est mauvais est juif… Haine des Juifs donc largement partagée et haine des Américains dans une logique imparable du Complot.

Le dernier livre paru sur ce sujet est Djihâd et haine des juifs de Matthias Küntzel (Le Toucan) avec un avant-propos de Boualem Sansal qui, lui au moins, est conscient du problème. Sans comprendre pourquoi les Européens  se montrent d’une incroyable hypocrisie dès lors qu’on détricote le fil rouge de cette haine  congénitale des Juifs qui débute avec Mahomet à Médine et se poursuit avec l’Intifada présente.

Mais d’où vient, selon l’historien Matthias Küntzel interrogé dans Le Point (n°2249), cette occultation de la réalité par les intellectuels ?  Pourquoi les appels à détruire Israël et à exterminer les Juifs ne sont-ils pas pris au sérieux ?

Réponse de Küntzel: « Parce que les Arabes sont condamnés à jouer le rôle des opprimés que des intellectuels condescendants cherchent constamment à excuser. »

Il s’agirait d’une forme de racisme paternaliste, le racisme étant la chose la mieux partagée du monde, y compris par ceux qui se montrent le plus vigilants à son égard. C’est une hypothèse. Il y en a sans doute d’autres. À chacun d’en tirer ses conclusions … provisoires. Forcément provisoires.