Il y a longtemps: réflexions éparses sur la psychanalyse…

Jamais la psychanalyse ne pourra verrouiller son objet dans la triste trappe des paramètres; jamais elle ne sera scientifique. Sa démarche, sinueuse et inquiétante, est celle d’une révélation de soi à soi, au travers d’un langage sans cesse réinventé. Elle ne résout rien. Elle approfondit le mystère de l’âme sans beaucoup l’éclairer. Plus elle avance, plus l’obscurité est grande. Chaque question cache une autre question.

La psychanalyse ne pourra jamais être une mystique ; elle ne l’est pas. Mais elle a de la mystique le goût de l’initiation, le respect des textes, le souci de l’orthodoxie. Elle cultive le sacré pour mieux le désacraliser. Le lui reprocher serait la méconnaître. Il est des nourritures qui ne sont pas pour tous les palais.

Valéry notait qu’il n’y a pas d’inexprimable ; il n’y a que de l’inexprimé. En fait, tout parle, aussi bien l’inexprimable que l’inexprimé. Mais qui interprète ?

L’empreinte de notre passé, l’empreinte de notre enfance trace le chemin de notre vie d’adulte. Fondamentalement, nous sommes la proie de notre Inconscient, lieu inaltérable de notre préhistoire.


RJ, Écrits irréguliers, La Baconnière, 1969