Pourquoi l’UDC helvétique snobe le FN

La question a été posée à Oscar Freysinger qui a répondu simplement : « Le FN est étatiste, dirigiste, collectiviste et centralisateur. L’UDC (Union Démocratique du Centre) est libérale et fédéraliste. Nos projets de société sont opposés. Voilà pourquoi il n’y a jamais eu de contact. Seul point commun : la défense de la souveraineté nationale.

« À quoi il faut ajouter l’islamophobie où la Suisse a incontestablement une longueur d’avance en Europe avec l’interdiction des minarets. D’ailleurs les têtes pensantes de l’UDC ne se sont jamais privées de dire que le FN est un parti de gauche qui plonge ses racines dans le poujadisme.

Ce que le FN n’a jamais compris, c’est qu’une droite moderne doit réussir le mariage du libéralisme économique avec la lutte contre la surpopulation. La presse suisse a d’ailleurs noté que les ténors de l’UDC ont accueilli la victoire du Front National au premier tour des élections régionales avec la froideur d’observateurs impartiaux et le sentiment légèrement méprisant que les Français, nourris au biberon des droits de l’homme et de la servitude engendrée par un assistanat  social sans limite, ne s’en sortiront jamais, quel que soit le parti au pouvoir. La France est devenue le champion international de l’apathie, du matraquage fiscal et des politiques les plus incohérentes dans ses interventions néo-coloniales. En fait, les Suisses, et pas seulement ceux qui votent UDC, sont plutôt enclins à considérer la France comme la Corée du Nord, alors qu’eux-mêmes seraient la Corée du Sud. Et le nombre impressionnant de jeunes Français qui rêvent de la Suisse comme d’un Eldorado les conforte dans l’idée « qu’il y en a point comme nous ». Bref, pour l’ UDC le FN est un parent pauvre, infréquentable et qui se fourvoie dans un étatisme qui étouffe l’esprit d’entreprise. Quant à la maîtrise des flux migratoires, elle va tellement de soi pour les Helvètes qu’ils n’arrivent pas à comprendre qu’elle pose encore des problèmes à l’Union Européenne. En poussant le bouchon vaudois le plus loin possible: plutôt Donald Trump que Marine Le Pen !

Mais ne croyons pas si bien dire. Le 11 janvier dernier, le quotidien suisse romand Le Matin consacrait une double page à l’emblématique « milliardaire populiste » Christoph Blocher, le Donald Trump zurichois si l’on me passe l’expression. S’apprêtant à se retirer du jeu politique, il permet aux tenants d’une ligne plus consensuelle de souffler un peu. Une fois les thèmes du parti implantés dans l’électorat, la « guérilla » peut laisser place à des solutions politiquement efficaces, ce dont devraient se souvenir tous ceux qui poussent des hauts cris à la moindre sortie manifestement provocatrice de Trump.

Mais pour ne pas que le combat se ramollisse, Blocher, également fondateur de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) a prévenu: il en conserve la présidence du comité et demeure l’inspirateur des prochains combats de l’UDC: « Non à l’adhésion insidieuse de la Suisse à l’UE ! ».

F12 UDC.eps

 

On ne peut guère faire plus clair.

Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

Mon cher Nicolas,

Je me permettrais d’abord de te tutoyer et de te dire la sympathie instinctive que j’éprouve pour toi. Un homme qui a écrit un livre sur George Mandel ne peut pas être mauvais…et j’ai craint parfois que ton destin ne s’achève comme le sien. Tes analyses politiques ont souvent été pertinentes, même si elles ne furent pas suivies d’effets. Et la gabegie libyenne ne peut t’être totalement imputée: il arrive plus souvent qu’on ne le croit que des initiatives a priori justifiables se transforment en cauchemars. Bush Jr. en sait quelque chose.

Mais parlons plutôt du présent. Tu sais d’expérience combien la vengeance des femmes est redoutable. Tu sais également qu’un parti populaire a besoin de personnalités comme Nadine Morano. Et tu n’ignores pas non plus que les luttes entre les classes, les races, les sexes ou les religions font partie des invariants de la nature humaine. Ce n’est certes pas brillant, mais chacun défend sa peau. Pour l’avoir exprimé un peu trop directement, Nadine Morano perd et ton amitié et ton estime. N’est-ce pas une manière un peu cheap de t’acheter une bonne conscience ? N’aurais-tu pas intérêt à la soutenir et même, ne reculons devant rien, à faire alliance avec le F.N. qui serait alors aux Républicains ce qu’est le Tea Party à nos amis américains ?

À titre personnel s’il y avait un parti libéral, voire libertaire, en France, je serais le premier à le soutenir. Mais tu sais aussi bien que moi combien le nationalisme et le centralisme français rendent improbables toutes formes de libéralisme.

À l’heure où l’Union européenne se craquèle, où l’immigration arabo-islamiste prend une ampleur inédite, où des populations appauvries s’accrochent à des lambeaux de prospérité, il est sans doute temps de ne plus persévérer à vendre une France généreuse et accueillante, mais de prendre la mesure des catastrophes qui s’annoncent. À moins de baisser les bras, façon Hollande, ce qui n’est pas ton genre. Veillons à ne plus être prisonniers de rêves ou d’idéaux qui ne parlent plus à personne. Nadine Morano l’a pressenti. Il serait dommage que tu sois à la traîne. En Suisse, l’UDC a compris un peu plus vite que tes amis politiques, même le F.N., ce qui se produit aujourd’hui en Europe. Il y a peut-être là des leçons à prendre.

J’ai été aussi franc que je peux l’être, ne m’en tiens pas rigueur !

Bien à toi, R.J.