ARTHUR CRAVAN, LÉON TROTSKY ET LA RACAILLE POLITIQUE

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Arthur Cravan, fils naturel d’Oscar Wilde (tout au moins le croyait-il), boxeur et poète (il rimait à coups de poings), Lausannois de surcroît (donc dadaïste), avait traversé l’Atlantique en compagnie de Léon Trotsky. Il l’avait même trouvé sincère :

« D’ailleurs, disait-il, dans toute la racaille politique, il n’y a que lui qui soit sincère – le pauvre fou. Il aime sincèrement l’humanité. Il désire sincèrement rendre les autres heureux. Et il pense sincèrement qu’un jour il n’y aura plus de guerre. Il est comique et je le respecte. Mais lui aussi il essaie d’embobiner quelqu’un : lui même. C’est en pure perte que je lui ai dit que le résultat de sa révolution sera la création d’une armée rouge pour protéger la liberté rouge et que lui, parce qu’il est sincère, sera trahi par ses camarades. Le seul droit que les masses accepteront de l’idéaliste, c’est le droit de détruire. Mais il ne m’a pas cru davantage que je ne le crois. »

Arthur Cravan avait dormi sous les ponts qui font le charme de Lausanne. Il avait affronté Jack Johnson, champion du monde poids lourd, sur le ring. Il avait ridiculisé Gide qu’il traitait de cabotin et s’était lié avec Picabia et Duchamp. C’est dire qu’il ne s’en laissait pas conter. Trotsky sera assassiné comme prévu au Mexique. Et Arthur Cravan disparaîtra sans laisser de traces. Lors de ses conférences, il tirait avec son pistolet et annonçait son suicide. Avec lui au moins il n’y avait pas tromperie sur la marchandise.