
René Diatkine qui fut le psychanalyste d’Althusser, m’a raconté une histoire juive qui s’est gravée dans ma mémoire et qui, selon lui, contient l’essence même de la psychiatrie: je m’en voudrais de ne pas la partager avec mes lecteurs.
Un homme se tourne et se retourne nerveusement dans son lit, cherchant en vain le sommeil. Son épouse, inquiète, lui demande ce qui ne va pas. « C’est que demain, explique-il, je dois rembourser à notre voisin, Lévy, une traite et que je n’ai plus un sou…»
Sur ce, sa femme se lève, ouvre la fenêtre et appelle Lévy. Ce dernier, enfin réveillé, met la tête dehors : « Que se passe-t-il ? » « Est-il vrai que demain mon mari doit absolument rembourser une traite ? » interroge l’épouse. « Oui, c’est exact », répond Lévy. « Eh bien, il ne pourra pas vous payer, car il n’a plus un centime», ajoute-t-elle avant de refermer la fenêtre et de rejoindre son mari sous les couvertures. « Pourquoi as-tu fait cela ? », lui demande, interloqué, ce dernier. « Parce que, avant, c’était toi qui ne pouvais pas dormir et que maintenant ce sera lui….»
Et puisqu’il est question de psychiatrie, je rappellerai ce principe simple sur lequel reposent les relations humaines : confirme-moi dans ce que je suis ou crois être, et je t’en serai reconnaissant; conteste-moi dans ce que je suis ou crois être, et mon inimitié te sera acquise.
La sagesse la plus élémentaire veut donc que l’on ne s’entoure que de personnes que l’on puisse confirmer dans leur être…..évidemment, ce n’est pas ce qui rend la vie plus excitante.