
À un ami qui me demande ce que je fais depuis des mois au Lausanne-Palace, je réponds que je savoure l’imminence de ma mort. J’ajoute que l’aspiration à la longévité n’est qu’une chimère de plus, une chimère partagée par le troupeau bêlant des naïfs, béatement subjugués par une fausse évidence : la volupté de l’existence. Il dit qu’il ne m’admire que pour une chose : la capacité que j’ai de vivre en paix avec mes mensonges. Je le lui accorde volontiers: n’importe quelle affirmation, si nous persévérons à y accorder quelque crédit, se change en absurdité. Vais-je encore longtemps savourer l’imminence de ma mort ? Ou n’est-ce qu’une illusion de plus pour masquer le regret de ne plus revoir Candy ?
D’ailleurs, où est passée Candy ? Peut-être vit-elle, elle aussi, encore à Lausanne. Si je la croisais à la rue de Bourg, un jour de marché, la reconnaîtrais-je ? Aurais-je même envie de la saluer ? J’en doute. Je préfère vivre avec les fantômes de mon passé. La nostalgie me comble, le présent me pèse. Anywhere, out of the world. Patience, mon cœur ! Cela ne saurait tarder. Tu ne reverras plus : « Pierrot le fou » avec Candy. Tu avais vingt ans. Elle en avait seize. Je le concède : la volupté était présente. Pas pour longtemps. Ensuite, il ne restait plus qu’à affronter la négativité du monde avec le désespoir de mon imagination. J’y ai mis un certain acharnement. Et maintenant, il ne me reste plus qu’à savourer l’imminence de ma mort en radotant et en égrenant les souvenirs que je m’invente. Comme tout un chacun, j’ai connu des plaisirs dans ma vie, mais ce n’est pas ce que j’ai trouvé de plus plaisant. Je n’ai pas été malheureux non plus, le seul malheur , comme me l’ont enseigné les philosophes stoïciens, étant de se croire malheureux. Et j’ai vite compris que celui qui ne meurt pas une fois par jour, ignore la vie. Candy est-elle parvenue à la même conclusion ?
Jamais de retraite, saif la retraite finale!
https://defensededavidhamiltonblog.wordpress.com/2021/02/07/roland-jaccard-et-le-refus-de-se-retraire/
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Il semblerait que beaucoup d’hommes préfèrent rêver à des « Candy » imaginaires improbables du passé plutôt que traiter avec le présent.
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