Je n’ai jamais eu le choix dans ma vie qu’entre des cinglées, des putes et des paumées. S’il existe une quatrième catégorie, j’adorerais qu’on m’en présente un spécimen avant ma mort. Ce serait une expérience inédite, mais dont je doute qu’elle se produise. Je vous tiendrai au courant.
Le plus troublant pour moi est le rapport sinueux qu’elles entretiennent avec la vérité. Elles se dénudent plus volontiers que d’admettre leurs manigances pour arriver à leur fin. Quand on les prend la main dans le sac, elles répondent : « Ce n’est pas de ma faute. » Ce n’est jamais de leur faute.
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Les folles ont une propension à l’anorexie et à se couper les veines, comme si elles cherchaient à se prouver qu’elles existent. Les putes, elles, aspirent l’argent en même temps que le sperme. Leur rêve secret est de dépouiller l’homme, voire de le châtrer. Elles usent de leur sexe comme d’une matraque.
Les paumées ne savent jamais où elles en sont. Alors, elles cherchent un Maître. Les psys qui sont le plus souvent des charlatans, s’y intéressent de très près. Surtout quand la vie ne les a pas encore défraîchies. Souvent dépressives, faute de quelques gouttes de narcissisme, elles se réfugient sous leur couette. La procrastination est leur refuge. Elles se dépeignent souvent comme des « bipolaires » et en tirent une certaine satisfaction, la seule sans doute que la vie leur offrira.
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Le plus troublant quand on a passé des années à les observer, c’est qu’à première vue elles donnent toutes une impression de parfaite normalité : elles se coulent dans le moule social avec une habileté confondante. On leur donnerait le bon Dieu sans confession. D’ailleurs certains hommes s’y laissent prendre et leur font même des enfants : c’est une assurance-vie pour elles et une garantie de moralité. Elles exigent une égalité des droits et adoptent volontiers le statut de victimes. D’ailleurs, aucune victime ne les laisse indifférentes. Il arrive même que ce soit touchant, quand ce n’est pas ridicule.
En revanche, elles se haïssent toutes entre elles. Leur méfiance instinctive s’exerce en priorité face aux femmes, car nul ne connaît mieux les femmes que la femme. Et c’est pourquoi elles sont à chacune leur pire ennemi, surtout quand elles se font des compliments et des mamours. Ces quelques propos peuvent sembler légèrement misogynes…voire indéfendables. Ils le sont hélas !
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Une enquête sociologique menée dans les bars des campus américains confirme ce que je ne me lasse pas d’observer : le comportement odieux des filles. Je doute d’ailleurs qu’elles en aient conscience. La liste est longue des griefs qui leur sont adressés par le personnel ( y compris féminin ). Citons-en quelques uns :
- les filles ne laissent pas de pourboire
- les filles se plaignent de tout
- les filles commandent des boissons exotiques comme les daiquiris à la banane, les Gold Cadillac, les Pink Ladies dont la préparation complique la tâche des barmen
- les filles paient séparément et n’hésitent pas à donner à la serveuse des billets de cinq, dix et vingt dollars pour payer une consommation qui coûte rarement plus de deux dollars
- les filles importunent sans arrêt la serveuse pour qu’elle vienne nettoyer la table
- les filles modifient la commande qu’elles viennent de passer…
Mieux vaut ne pas en tirer de conclusions : ce serait se condamner à une vie monacale
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Dans l’histoire de la philosophie, rares sont les penseurs qui n’ont pas abouti à des conclusions similaires. Plus jeune, je pensais qu’un Schopenhauer ou un Weininger – deux références pour moi – exagéraient. J’aimais trouver des qualités à ces petits animaux chronophages. J’y ai renoncé.
On me fera remarquer qu’il y a des exceptions : Dorothy Parker ou Louise Brooks par exemple. Je le concède d’autant plus volontiers que leurs propos sur les femmes sont encore plus acerbes que les miens. Vous ne me croyez pas ? Alors juste ce poème de Dorothy Parker, elle qui avait choisi pour épitaphe « Pardon pour la poussière. ». Après avoir proclamé qu’elle hait les femmes – « elles me portent sur les nerfs » – et dézingué les Femmes d’Intérieur ( ce sont les pires ), elle écrit :
« Et puis il y a les Petites Fleurs Sensibles,
Les Pelotes de Nerfs…
Elles ne ressemblent pas aux autres et ne se privent pas
de vous le rappeler.
Il y a toujours quelqu’un pour froisser leurs sentiments,
Tout les blesse….très profondément,
Elles ont toujours la larme à l’œil…
Les conventions les étouffent :
Elles n’ont qu’une seule idée : partir….
Loin de Tout !
Et moi je prie le Ciel : oui, qu’elles foutent le camp !
Louise Brooks, son amie, n’était pas en reste, elle qui déclarait qu’il fallait vraiment avoir une vocation de pute pour aspirer à faire du cinéma. Elle parlait d’expérience, elle qui lisait Schopenhauer entre deux tournages et qui souscrivait au mot de Kokoshka : « Assassin, espoir des femmes ». D’ailleurs, dans « Lulu » de Pabst, elle meurt poignardée par Jack l’Éventreur, une nuit de Noël. Le plus beau cadeau que la vie pouvait lui offrir.
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Plutôt que d’argumenter – quelle perte de temps – , je conseillerais volontiers à mes détracteurs de se plonger dans Cioran ou dans Caraco. À rebours de ce qu’affirme le sens commun, c’est l’absence de sensibilité des femmes qui leur apparaît comme leur caractéristique la plus saillante. Il faut des années pour le remarquer et encore plus pour s’en convaincre. Cioran ne disait-il pas que si les femmes avaient une once de sensibilité, elles avorteraient en lisant le journal. Louise Brooks se qualifiait de Broosksie la Stérile et en était d’autant plus fière qu’elle n’a j’aimais eu recours dans sa vie dissipée à des capotes. Je n’ai jamais aimé que des filles stériles, anorexiques si possible. Les autres, je les incitais à avorter. Aussi puis-je me vanter aujourd’hui, au terme de ma vie, d’avoir commis tous les crimes, sauf celui d’être père ( cela vous rappelle sans doute quelque chose ).
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Une féministe américaine d’une lucidité exceptionnelle, Camille Paglia bien sûr, observe que beaucoup de comportements criminels des hommes contre les femmes, et particulièrement les viols, sont reliés à la figure maternelle qui prend chez eux la forme d’une fixation obsessionnelle. Se joue là une sorte de théâtre sexuel, provoqué par la peur de se faire réabsorber par la mère. Derrière les crimes sexuels se profile presque toujours l’ombre de la mère.
Que le film d’Alfred Hitchcock : « Psychose » ( 1960 ) ait pu subjuguer à ce point l’imagination populaire ne relève pas du hasard. La domination vampirique de la psyché du fils par la figure maternelle y tient la place centrale. Je l’ai vécu avec ma mère, sans devenir pour autant un violeur. Mais je comprends ceux qui n’ont pas su résister à cet affront final à la féminité.
D’autant plus qu’il faut bien l’admettre, les femmes possèdent le plus grand pouvoir. Elles en sont d’autant moins conscientes que ce pouvoir leur est rapidement retiré. Peut-être le pressentent-elles. Et c’est ce qui donne à certains hommes l’envie de les protéger, même si en fin de compte la plupart s’en détournent, troquant leurs femmes vieillissantes, à la cinquantaine, pour des créatures plus jeunes et plus décoratives. On ne leur reprochera pas plus qu’on ne reprochera à la nature d’être injuste. Mais en échangeant une femme de quarante ans contre deux de vingt, selon la formule classique, ils prennent inévitablement le risque d’avoir dans leur lit une cinglée, une pute ou une paumée. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
À dix ans, je me demandais en observant les amies de ma mère pourquoi, à quelques exceptions près, les femmes contrairement aux hommes vieillissaient si mal. C’était une énigme pour moi. J’étais arrivé à la conclusion que c’était parce qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises. On pense parfois d’étranges choses quand on est encore un enfant.
Dans la 4ème catégorie, mot vulgaire auquel je préfère 4ème dimension pour les ovni qu’on y rencontre, tout vient à point à qui sait ne plus attendre. Telle est non pas la vérité de l’amour, mais sa leçon paradoxale.
« Au seuil » de la vieillesse, charmant mensonge récurrent sous votre plume… après avoir frappé à toutes les portes qui donnent sur le Rien – rien d’exceptionnel, nous en sommes tous là – il en est une qui s’ouvre à notre insu lorsque nous refermons derrière nous celle de l’amer, d’autant que tous nos discours d’enfant rageur lui sont étrangement adressés !
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Vu la façon dont les hommes s’obstinent à s’en faire une image idéale elles savent d’instinct qu’il vaut encore mieux jouer les paumées ou les cinglées plutôt que paraître banale, ce qu’elles redeviennent lorsque l’enfant parait. C’est pour ça que R.J. n’a jamais eu l’occasion d’en croiser, sans parler du problème spécifique des écrivains véritables aimants à cinglées malgré eux, pire encore pour les cinéastes. Ce qui n’est pas le cas pour les agences de mannequins. Quand on est la plus belle on a pas besoin d’en rajouter. Leur réactivité exacerbée toute superficielle passe à tort pour un excès de sensibilité qu’elles n’ont pas et qui explique leur pragmatisme qui surprend les naïfs et choque les poètes. L’ancienne égérie d’Appolinaire devenue une petite vieille acariâtre moquait le déficit charnel du poète qui l’ennuyait au clair de lune. Convaincue que l’homme est à leur service puisqu’elles donnent la vie, elles élargissent ce privilège à toutes choses futiles d’ou le résultat de l’enquête sur les campus qui n’apprend rien à personne, surtout pas aux bailleurs qu’elles réveillent parfois la nuit pour une ampoule grillée. Pour conclure sur une note d’espoir; elles rendent leur logement dans un meilleur état que les garçons et se déplacer la nuit pour remplacer une ampoule chez une jeune fille endormie peut présenter des avantages d’ou l’existence d’ampoules à durée de vie assez courte.
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APOLLINAIRE, à qui je n’oserais couper les deux ailes…
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—–>Je n’ai jamais eu le choix dans ma vie qu’entre des cinglées, des putes et des paumées. S’il existe une quatrième catégorie, j’adorerais qu’on m’en présente un spécimen avant ma mort.
La quatrième catégorie, ce serait la synthèse des trois.
Le pire n’est point tant que nous pouvons dire : voici le (vam)pire.
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