Le plus fascinant dans ce débat était d’observer combien deux options philosophiques s’opposaient. Celle de Zemmour incarnait le mot célèbre de Hobbes : » L’homme est un loup pour l’homme » ( surtout s’il est musulman, ajouterait Éric ) , cependant que Daniel Cohn-Bendit dans un élan utopique soutenait, après Terence, qu’il est un homme et que rien de ce qui est humain ne doit nous être étranger. D’où cet échange assez violent entre Daniel Cohn-Bendit pour qui les valeurs ou, si l’on préfère, les droits de l’homme , sont universalistes, alors que pour Éric Zemmour elles sont tout au plus un produit français destiné à l’exportation comme le brie ou le champagne, chaque nation défendant son territoire et son mode de vie avec férocité.

Le débat a tourné à la confusion quand il s’est agi du judaïsme, qui est lui aussi, un mélange de provincialisme et d’universalisme. Daniel Conhn-Bendit a eu l’honnêteté et l’intelligence de rappeler combien ses positions étaient liées à son ADN familial. En revanche, il s’est montré d’une mauvaise foi hallucinante en comparant les viols de masse à Cologne commis par les migrants – les envahisseurs, dirait Zemmour – à la drague un peu lourde des Italiens. Mais celle qui s’est montrée d’un courage exemplaire, c’est cette juriste parisienne interrogée durant l’émission par Pujadas qui, pour avoir vécu dans l’immeuble du Bataclan et ensuite à Calais, n’a pas craint de dénoncer les ravages que commet l’Islam en France. Cohn-Bendit a voulu tempérer ses propos en parlant d’Islamo-fascisme sous le regard goguenard de Zemmour. Trop tard. Le mal était fait.