Mon ami viennois, Arthur Schnitzler, soutenait un soir au café Hawelka que les jeunes filles, ces petits animaux analphabètes et chronophages, peuvent devenir féroces ou se laisser mourir dès lors qu’elles sentent leur amour menacé. La jouissance qu’elles éprouvent à imposer leur présence, non sans malice, l’emporte toujours sur leur orgueil. Elles sont manipulatrices par essence et, simultanément, capables d’un dévouement infini. Tant qu’on les désire, on redoute de les perdre. Mais dès lors qu’on n’éprouve plus rien pour elles, elles deviennent un objet de répulsion.
Elles s’en accommodent tant qu’on ne leur retire pas leur gîte et leur pitance.
Elles sont certes capables de se suicider pour laisser une trace indélébile dans ce qu’elles imaginent être notre cœur. J’ai déjà connu cela . J’étais jeune alors. Je ne suis plus certain de pouvoir le supporter aujourd’hui encore. Peut-être est-ce le signe que mon déclin est plus avancé que je ne l’imaginais.
Arthur a encore une bien trop haute idée de lui même pour les croire ainsi à ses pieds.
« Les filles ne nous aiment pas, ce qu’elles aiment, c’est l’amour qu’elles nous portent, ce qui leur manquerait ce n’est pas nous si nous partions, c’est l’habitude qu’elles avaient de nous aimer » François Chalais.
Arthur ne s’en méfie pas assez; elles nous pardonnent tout sauf qu’on est plus besoin d’elles.
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