5. Ce qu’en pense Wagner-Jauregg
Wagner-Jauregg ne nie pas les faits : il en donne simplement une interprétation différente. L’électro-thérapie, dit-il, ne comporte aucun danger et se révèle souvent fort efficace. Les vomitifs également. Son travail consistait à distinguer les vrais traumatisés de guerre des simulateurs, et il demeure persuadé que le lieutenant Kauders était un menteur.
Bien entendu, il ne lui serait jamais venu à l’idée que, si Kauders usurpait le rôle de malade, lui-même usurpait celui de thérapeute et qu’on aurait pu le qualifier de « tortionnaire » ou de « criminel de guerre ». Il était, au contraire, gravement affecté par des accusations qu’il jugeait sans fondement. Il avait accompli son devoir, un point c’est tout.
Bien des années plus tard, cependant, dans un accès d’honnêteté, il écrira dans son auto-biographie : « Si tous les simulateurs que j’ai traités à l’hôpital, souvent de façon assez dure, s’étaient présentés pour m’accuser, cela aurait donné lieu à un procès impressionnant. »
Que l’aveu est facile quand la faute est oubliée !