Quand la compagne de Patrick Duval apprit qu’il avait écrit au « Japonais cannibale », elle fut prise d’un violent dégoût et le menaça de rompre. Elle le soupçonnait d’avoir, lui aussi, des pulsions perverses. Ce qui ne détourna pas Patrick Duval de poursuivre sa correspondance avec Sagawa – elle est reproduite dans son livre –, ni de se rendre au Japon pour le rencontrer. Le chapitre consacré aux divers rendez-vous reportés par Sagawa et à la terreur qu’éprouve Duval est d’une cocasserie digne des voyages de la famille Fenouillard. Finalement, il se trouve face à un Japonais qui lui fait penser par son physique à Marguerite Duras. Il note que son regard est direct et franc. Et quand il lui serre la main, une main si petite qu’elle pourrait être celle d’un enfant de sept ans, il se demande : « Comment de si petites mains ont-elles pu accomplir de telles horreurs ? » Il va chercher à comprendre. Là où il n’y a sans doute rien à comprendre. Simplement à admirer la beauté du geste.
Peut-on aimer sans dévorer ? Et l’amour n’est-il pas le plus abominable des crimes ? L’assassin est toujours celui qui veut l’amour total.