Vos complexes feront votre salut
– Ma mère ? Oh, je m’entendais fort bien avec elle aussi. Elle était protestante, très croyante, mais cela ne m’a pas troublé davantage.
De nouveau, Freud riait, très amusé.
– Au fait, demanda-t-il soudain, quelle était cette histoire de votre père et de Poséidon ? Racontez-la donc encore une fois. Je réfléchissais juste une minute quand vous en parliez et je n’ai pas tout à fait écouté.
– J’avais alors onze ou douze ans. Un jour mon père entra dans ma chambre et posa sur la table la Mythologie de Moritz. Sans doute s’étonnait-il que, comme ma mère m’avait poussé à le faire, je lisais beaucoup la Bible à ce moment. « Lis aussi un peu là dedans, mon garçon, dit-il en en montrant le Moritz, il y a là des histoires qui ressemblent à celles de la Bible. Elles sont peut-être encore plus belles. Tu sais, nous qui sommes de la mer, nous croyons à autre chose. Poséidon, entre autres… » Jamais plus il ne m’a parlé de ce livre qu’il m’avait si discrètement recommandé, mais il est devenu décisif pour toute ma vie et ma pensée…
– Poséidon, entre autres…Merveilleux, merveilleux, fit Freud. Oui, la mer…Eh bien mon bon ami Goetz, je ne vous analyserai pas. Vos complexes feront votre salut. Mais pour ce qui est des névralgies, je vais vous prescrire une ordonnance qui vous fera du bien… »
Il s’assit à son bureau et écrivit. Entre-temps, il demanda comme incidemment : « On m’a dit que vous n’avez pratiquement pas d’argent et que vous vivez très à l’étroit. C’est vrai ? »
Dans un dernier épisode, vous découvrirez comment Freud joue le rôle du père. Rôle qui lui sied à merveille.