Souvenirs sur Sigmund Freud, épisode 1

goetbr85-229x300Durant ses études à Vienne en 1904, le poète Bruno Goetz rencontra Freud à trois reprises. Il publia ses souvenirs en mai 1952, à Zürich, dans la Neue Schweizer Rundschau. Nous en livrons quelques extraits particulièrement savoureux et émouvants.

De violentes névralgies faciales

Cela se passait durant mon premier semestre à l’Université de Vienne où je suivais des cours sur la psychologie et l’hindouisme. J’écrivais aussi mes premiers poèmes auxquels mon professeur portait un intérêt bienveillant. Circonstance fâcheuse : j’étais frappé parfois de violentes névralgies faciales contre lesquelles les remèdes ordinaires contre les maux de tête ne me soulageaient pas, si bien que je devais parfois m’enfermer pendant des jours et des semaines dans l’obscurité de ma chambre, car le moindre rayon lumineux me causait des douleurs intolérables. Le professeur qui remarquait mes fréquentes absences et ma mauvaise mine, s’informa de mon état et me conseilla alors puisqu’aucune drogue ne me soulageait d’aller trouver le docteur Freud. Il lui annoncerait lui-même ma visite.

Je n’avais jamais entendu parler de Freud. Je me procurai son ouvrage sur l’interprétation des rêves et fus profondément effrayé. Cette façon d’interpréter les rêves me parut impie: elle détruisait l’image même du rêve, ce qui allait à l’encontre de toute ma sensibilité d’artiste. Je décidai de ne jamais me soumettre à de semblables investigations. J’étais, en outre,
persuadé, que Freud ne me serait d’aucun secours pour soigner mes névralgies. Il était hélas trop tard. Mon professeur s’était déjà entretenu avec Freud  et il m’attendait pour le lendemain. « Ne craignez rien, dit mon professeur en me voyant terriblement anxieux, il ne vous mangera pas. Il veut juste vous aider. Pour le reste, je me suis permis de lui donner à lire quelques-uns de vos poèmes. »

C’est avec des sentiments très mêlés que je me rendis chez Freud le jour suivant. Le matin même une violente attaque de névralgie m’avait tourmenté. Je doutais de plus en plus de l’art thérapeutique de Freud. Pourtant les choses se passèrent de manière si inattendue que j’éprouvai le soir même le besoin de les relater à un ami de jeunesse. J’ai conservé la lette que je lui ai envoyée. La voici.

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