Ce parfait exemple d’humour anglais: une femme exécrant Churchill lui dit:
– Si j’étais votre épouse, je mettrais de l’arsenic dans votre café.
– Madame, répond Churchill, si j’étais votre mari, je le boirais.
La scène se déroule sur les hauteurs de Nice au début du mois de mars 1974. Alors qu’il se rend chez des amis, Clément Rosset reçoit une mystérieuse boulette, comme dans la BD de Robert Crumb, Head Comix, où de mystérieuses boulettes, venues d’on ne sait où, frappent des personnages au hasard. Cette boulette est de nature philosophique. Son message est d’une clarté aveuglante et Clément Rosset le déclinera sous toutes ses formes dans son œuvre. Il le résume ainsi: « CE QUE NOUS PRENONS POUR UNE VERSION PERVERSE DE LA RÉALITÉ EST LA RÉALITÉ MÊME. »
La tautologie comme philosophie prend forme et Clément nous en offre, au fil des ans, des versions hilarantes.
N’ayant jamais reçu de boulette philosophique, à l’exception peut-être de celle que m’a lancée mon père (il disait que l’ironie et le paradoxe sont l’essence même de l’art et de la pensée), je me garderai bien d’adhérer à quelque philosophie que ce soit.
Mais je comprends mieux maintenant pourquoi Clément Rosset considère l’extinction du désir comme le malheur absolu. Je serais plutôt enclin à penser que l’aphanisis est un don des dieux tant le désir est un tourment… Est-il bien utile d’expliquer pourquoi ?
Clément Rosset raconte qu’il fait souvent le rêve suivant: il reçoit dans son courrier un imprimé élégant qui est, en fait, une convocation officielle:
Le dénommé Clément Rosset, demeurant à Picadilly Circus, est prié de se rendre à la prison centrale de Londres, demain matin à dix heures pour y être pendu.
Il ne fait aucun doute, ajoute Clément, que le destinataire de la lettre se rendra de plein gré à son exécution. Il s’y rendra d’autant plus volontiers que le cirque de la vie (Picadilly Circus) , la ronde des désirs, lui pèsent et qu’il aspire à leur échapper.
Ce rêve confirme mon intuition que l’ami Clément est un nihiliste qui s’ignore. Il a résolu trop jeune l’énigme de l’existence en s’imbibant de Schopenhauer et s’est laissé ensuite embobiner par Nietzsche, expert dans l’art de lancer des boulettes.
Ce que j’apprécie le plus chez Clément, c’est son humour très british, son sens du burlesque et son inaltérable bonne humeur en compagnie. Mais il ne serait pas tout à fait lui-même, s’il n’attendait pas, s’il n’espérait pas chaque nuit la lettre lui annonçant avec une politesse exquise son exécution pour le lendemain.
Article publié dans le numéro 89 (novembre 2015) du Service Littéraire.
On ne les attendait plus. L’immigration avait cessé de faire peur. On avait avait supprimé les frontières. Il n’y avait plus de limites, ni de points de repère. On enseignait dans les écoles que le racisme et le nationalisme étaient les pires des fléaux. Certains s’insurgeaient encore que les riches devinssent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La vieille rengaine marxiste qu’on écoutait en souriant. Il y avait bien de temps à à autre une petite crise. Juste histoire de se faire peur. Et quand l’Union Européenne dysfonctionnnait toute la classe politique chantait en chœur qu’il fallait plus d’Europe. On avait même trouvé un ennemi assez commode: Vladimir Poutine. Le bonheur était une idée neuve en Europe : on ne doutait pas que dans un État de Droit nourri de tant d’idéaux avec un peu de bonne volonté notre Boboland serait à la mesure de notre ramollissement intellectuel . On savait qui étaient les méchants: Bush fils, Pinochet, Assad, Khadafi et quelques autres. On avait fêté avec une ferveur les printemps arabes en oubliant que, parfois, certains peuples ont besoin de dictateur. On avait même réussi par un tour de force peu commun à transformer dans l’imaginaire des Français un pays aussi démocratique qu’Israël en un monstre hybride tout à la fois colonial et nazi. Les Palestiniens approuvaient bien sûr et les populations arabes dont le seul aphrodisiaque est la haine d’Israël manifestaient même au cœur de Paris en criant « Mort aux Juifs ! » sans que la police intervienne. Certes, on déplorait parfois ici ou là un attentat, mais on l’oubli ait aussitôt. Ce ne pouvaient être que quelques malades malades mentaux égarés dans une lecture archaïque du Coran qui passaient à l’acte. À la limite, il eut fallu les soigner plutôt que de les punir. Surtout pas d’amalgame.
Et cet été les Barbares sont arrivés. Il convenait de les accueillir avec nos règles de l’hospitalité et même d’encourager la venue de quelques centaines de milliers d’Africains et d’Orientaux. Étaient-ce des migrants, des réfugiés, des terroristes ? Face à leur afflux massif, nul n’était plus en mesure de s’en soucier. Certains suggéraient que les Allemands en raison d’un déficit démographique et d’une culpabilité ambigüe avaient besoin de nouveaux esclaves. D’autres se réjouissaient de la générosité des Européens. Dans un premier temps, les Barbares furent donc accueillis avec enthousiasme. Chacun en voulait un chez lui. Et, très vite, il fallut réapprendre le principe de réalité: des frontières psychologiques et géographiques existent. L’homme peut être un loup pour l’homme. Et même les réfugiés, pratiquement tous issus de pays musulmans, ont d’autres structures mentales que les Européens: ce qu’ils ont fui – et souvent avec les meilleures raisons du monde – ils n’auront de cesse de le reconstituer dans les pays qui leur ont ouvert les bras. Ils étaient victimes de la tyrannie politique et religieuse: ils le seront à nouveau. Et nous avec eux. Ce que l’homme a devant lui, c’est son passé. L’histoire ne fait que repasser les plats. N’oublions pas la chute de Constantinople. Et merci à tous ces migrants de déferler en Europe pour nous le rappeler !
Quant à Oswald Spengler, l’auteur prophétique du Déclin de l’Occident (1914), il doit songer qu’un siècle exactement après nous avoir livré les clés de notre avenir, il est peut-être un peu tard pour en faire un usage efficace. Thomas Mann disait qu’il n’avait cessé d’écarter ce livre (Le Déclin de l’Occident) de ses yeux pour ne pas être contraint d’admirer ce qui fait mal et ce qui tue. Il n’est hélas plus possible aujourd’hui de détourner son regard – sauf pour Attali ou Edgar Morin – sans passer au mieux pour un lâche, au pire pour un crétin.
Jamais la psychanalyse ne pourra verrouiller son objet dans la triste trappe des paramètres; jamais elle ne sera scientifique. Sa démarche, sinueuse et inquiétante, est celle d’une révélation de soi à soi, au travers d’un langage sans cesse réinventé. Elle ne résout rien. Elle approfondit le mystère de l’âme sans beaucoup l’éclairer. Plus elle avance, plus l’obscurité est grande. Chaque question cache une autre question.
La psychanalyse ne pourra jamais être une mystique ; elle ne l’est pas. Mais elle a de la mystique le goût de l’initiation, le respect des textes, le souci de l’orthodoxie. Elle cultive le sacré pour mieux le désacraliser. Le lui reprocher serait la méconnaître. Il est des nourritures qui ne sont pas pour tous les palais.
Valéry notait qu’il n’y a pas d’inexprimable ; il n’y a que de l’inexprimé. En fait, tout parle, aussi bien l’inexprimable que l’inexprimé. Mais qui interprète ?
L’empreinte de notre passé, l’empreinte de notre enfance trace le chemin de notre vie d’adulte. Fondamentalement, nous sommes la proie de notre Inconscient, lieu inaltérable de notre préhistoire.
RJ, Écrits irréguliers, La Baconnière, 1969
Olivier Besancenot m’a fait de la peine face à Léa Salamé et Yann Moix qui le harcelaient de questions sur la dégringolade de son parti, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) qui défend pourtant les défavorisés, tous les défavorisés du monde entier, toutes les victimes de la Crise et du Capitalisme, avec l’ardeur et la générosité des dames d’œuvre du XIXème siècle qui se mettaient au service des gueux. Olivier Besancenot, tantôt rageur, tantôt déprimé, avouait lui-même y perdre son latin. Ce qui m’a remis aussitôt en mémoire, comme quoi la télévision ne rend pas nécessairement con, la célèbre citation latine Vox clamantis in deserto (la voix qui crie dans le désert) que j’attribuais à Virgile, mais qui revient à Jean-Baptiste endossant le rôle du prophète pour annoncer, lui aussi, une ère nouvelle avec la venue de Jésus. Léa Salamé aurait pu nous offrir une nouvelle interprétation de Salomé, elle s’est contentée de jouer le rôle de la bonne élève qui veut absolument savoir… mais qui ne comprendra jamais.
Olivier Besancenot était donc cette voix criant dans le désert avec à l’appui un livre (il faut toujours un livre : question de crédibilité) au titre austère: Le véritable coût du capital. Il en fut question par pure politesse pendant cinq minutes, mais visiblement personne ne comprenait rien aux chiffres alignés par notre novice en économie dont chacun pensa qu’il ne savait pas très bien dans quelle direction il s’engageait, mais que si jamais il y arrivait, il ne saurait plus vraiment où il se trouverait. Lui-même semblait un peu perdu et on aurait volontiers voté pour lui, ne serait-ce que pour lui donner un peu d’espoir. Après tout, il a endossé un rôle avantageux, celui de Robin des Bois qui dépouille les riches pour donner aux pauvres ce qui leur revient. Il a rappelé, ce que j’entends depuis un demi-siècle, que les exploiteurs sont de plus en plus impitoyables et les exploités de moins en moins protégés. Que des oligarchies corrompues se partagent le magot, pendant que les migrants s’entassent dans la jungle de Calais où les femmes sont violées et les enfants sacrifiés. Et, plus surprenant encore, personne ne l’écoute, lui le défenseur de la veuve et de l’orphelin. On se moque même de lui à la Poste quand il affiche ses ambitions politiques. On le traite de « doux rêveur » et on lui conseillerait plutôt de consulter un psychiatre.
Bref, ce pauvre Olivier est mal barré: tant d’énergie dépensée pour constater in fine une impossibilité de se faire entendre. Comme le dit un proverbe vaudois, « Entre ce que je dis et rien, c’est du pareil au même ! »
Compatissons mes frères : tout ne peut pas être mauvais chez un homme qui a mis une telle ferveur dans une cause – l’Internationalisme Prolétarien – qui devrait être celle de tous et qui ne l’est plus de personne.
1. La manière de s’habiller n’est jamais neutre: la fille veut montrer comment elle se voit et comment elle veut que les autres la voient. Les garçons aussi. Mais avec moins d’aplomb !
2. Inutile de sortir avec une fille qui n’a pas les mêmes goûts vestimentaires que vous: c’est foutu d’avance.
3. Dans les années soixante, la mode a rendu les filles filiformes: elles ressemblaient toutes à Twiggy. Cela me plaisait bien. Elles chuchotaient « On n’est jamais assez mince ni assez riche ». Ce genre de fille a disparu. Voilà qui alimente ma mélancolie.
4. Sans la mode et le snobisme, l’art perd tout son pouvoir d’attraction.
5. Il y a une frivolité essentielle: la mode en joue et ceux qui prétendent la déjouer en critiquant la Société du Spectacle en sont les premières victimes.
6. La mode n’est pas seulement dans les défilés: elle est d’abord dans les calottes crâniennes. C’est un tsunami dont on ne perçoit les effets qu’après son passage. Fascisme, nazisme, islamisme : autant d’effets de mode. Même Jésus et Hitler ont été portés par la mode et l’ont façonnée – chacun à sa manière.
7. Que nous reste-t-il du maoïsme qui fut tellement à la mode dans ma jeunesse ? Juste un col, le col Mao.
8. On peut juger de l’avenir d’un homme politique d’après ses chaussettes – et le fait qu’il en change souvent ou non.
9. Ceux qui ne furent, ne sont ou ne seront jamais à la mode sont aussi ceux qui la vomissent avec un ressentiment hargneux. Être à la mode ou n’être rien: that is the question !
10. J’aspirais à être un jeune homme à la mode, un peu comme Woody Allen. C’est pourquoi j’ai entrepris une psychanalyse. Après tout, Freud était furieusement tendance et son petit-fils, Lucian Freud, aussi. L’un avec Lou Salomé, l’autre avec Kate Moss. Sans doute ai-je été moins perspicace dans mes choix.
LA SAINTE ALLIANCE ENTRE LES MUSULMANS ET LES NAZIS RACONTEE PAR DEUX HISTORIENS ALLEMANDS
Avertissement: cet article a été publié pour la première fois dans le numéro 26 (janvier 2010) du Service Littéraire.
Il y a des histoires qu’on préférerait ne pas connaître. Des histoires qui nous atterrent. Des histoires dont on n’aurait jamais imaginé qu’un jour nous serions amenés à les évoquer. Ces histoires figurent dans le livre de deux chercheurs allemands: Matin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann. Il a pour titre Croissant fertile et croix gammée et traite du rapport entre les Arabes et le Troisième Reich. Il se lit avec un sentiment d’effroi et de stupéfaction. Tous ceux qui croient à une paix possible entre Israéliens et Palestiniens devraient s’y plonger. Et tous ceux, également, qui ne soupçonnent même pas les affinités, les complicités, entre les mouvement pan-islamistes et le nazisme.
J’aimerais, bien sûr, que tout ce que révèlent, au terme d’un travail de plusieurs années, ces deux historiens allemands soit erroné, que jamais le désir d’anéantissement du peuple juif par Hitler n’ait rencontré un tel assentiment de l’homme-de-la-rue arabe, ni qu’il ait joui d’une telle ferveur. J’aimerais que les intellectuels du Proche-Orient s’expriment sur ce livre. Ils ne le feront pas. Ils sont engagés, parfois malgré eux, dans un combat dont l’ampleur et la violence passent inaperçues aux yeux de tous ceux qui refusent l’idée d’un choc des civilisations. Ou, pour le moins, d’un projet de reconquête de l’Europe par les élites islamiques.
Ce qui rend également fascinante la lecture de cette enquête, ce sont les biographies succinctes des divers personnages rencontrés par les auteurs: Al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem bien sûr, qui dès 1952 encouragea son lointain parent Yasser Arafat à prendre la relève. Ou encore Erwin Ettel, ambassadeur à Téhéran et SS-Brigadeführer qui échappa à la dénazification, et qui, sous le faux nom d’Ernst Krüger, fut engagé dans le prestigieux Die Zeit, en 1950, comme rédacteur chargé de la politique étrangère de l’Allemagne. Sait-on que Mein Kampf, avec l’accord de Hitler, fut traduit en arabe mais expurgé de quelques lignes où l’auteur disait refuser l’alliance avec « une coalition d’estropiés » ? Quant au terme d’antisémitisme, dont les experts du Moyen-Orient avaient très tôt déconseillé l’emploi, dans la mesure où les Arabes sont des sémites, il ne posa pas de réels problèmes non plus: on expliquait qu’il était simplement dirigé contre les juifs.
Laissons le mot de la fin à l’Égyptien Ahmed Hussein, membre des Frères Musulmans: « Cherche le Juif derrière toute perversion ». Comme bien d’autres leaders arabes, il se rendit en 1936 au Congrès de Nuremberg avec une association de ses « chemises brunes » parlementaires. De jeunes Irakiens furent également accueillis par Hitler personnellement et passèrent ensuite des vacances en tant qu’hôtes des Jeunesses hitlériennes. Même le plus retors des scénaristes n’aurait jamais inséré dans un film les scènes racontées par Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann. Mais sans elles, comment comprendre la suite de l’histoire ..?
Toujours disponible: Croissant fertile et croix gammée, le Troisième Reich, les Arabes et la Palestine, par Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann, Éditions Verdier, 340 pp.
Il existait des détecteurs de mensonges dont l’efficacité était pour le moins douteuse. Le psychologue suisse, Carl Gustave Jung, était à l’origine de cette découverte qui nous enchantait dans les films américains des années cinquante, surtout quand il s’avérait que le coupable n’était pas celui que la police scientifique avait désigné.
Il existera bientôt des détecteurs de pédophilie – la hantise de l’époque – qui nous permettront de distinguer qui est dangereux, peu ou prou, et qui est susceptible de récidiver en enregistrant les réactions cérébrales et physiologiques à des images lascives de petits garçons et de petites filles dénudées. Un bon moment pour ceux qui feront passer le test, un sale quart d’heure pour les amateurs de Lolitas, un malaise cardiaque assuré pour les émotifs.
Ces appareils, mis au point au point avec l’argent de la Confédération helvétique par les universités de Bâle et de Zürich, évalueront même l’efficacité des thérapies mises œuvre pour remettre le délinquant sexuel dans le droit chemin. On devrait d’ailleurs développer ce type de technologies pour nous assurer que tel lecteur du Coran n’est pas un futur terroriste ou que telle jeune jeune fille fashionvictime ne succombera pas aux délices de l’anorexie.
Bref, pour l’instant, les enfants eux au moins sont protégés et les « vilains messieurs » – on se demande d’ailleurs pourquoi les femmes sont exclues de ce cercle – devront se tenir à carreau ou redoubler de vigilance. Il va de soi que nous ne pouvons que nous en réjouir, même si nous savons que le diable dispose souvent d’une redoutable avance sur toutes les technologies … et que ces dernières font sans doute partie de ses desseins.
J’ai été saisi d’hallucinations en regardant, comme d’habitude le samedi soir, On n’est pas couché. Laurent Ruquier sautillait de plus en plus sur son fauteuil, Léa Salamé semblait possédée par Aymeric Caron, son ancien partenaire. Elle soutenait avec une ferveur hystérique le bilan de François Hollande face à Virginie Calmels, adjointe d’Alain Juppé, qui, elle aussi, portait une voix qui n’était pas la sienne : celle d’une France en souffrance qu’elle veut sauver par une gestion efficace, comme elle l’a fait (ou pas, je n’en sais rien) à Endemol, à Canal et à Eurodisney. Je ne me permettrai évidemment pas de mettre en doute ses capacités de femme d’affaires, mais quand elle juge Juppé si moderne, si efficace, si chaleureux un doute me vient : et si, elle aussi, souffrait d’une identification hystérique à son boss. Vivement un exorciste ou un psychanalyste, me suis-je dit. Au moins, nous aurions droit avec l’exorciste à des scènes moins convenues et avec le psychanalyste à un silence plus reposant que les invectives de ces deux dames. Je précise que l’une d’elles, Virginie Calmels, a retrouvé ses racines – mot-clé – à Bordeaux et qu’elle aspire à diriger la région Aquitaine tout en conservant ses émoluments d’Eurodisney, ce ce qui a occupé une large part du débat. Entre possession et mesquinerie, c’est toujours la mesquinerie qui finit par l’emporter.
On avait sans doute prié Yann Moix de donner dans la sobriété, ce qu’il a fait.
Il a trouvé « bouleversant » le témoignage d’une animatrice de télévision dont l’enfant est polyhandicapé. Le père, bien sûr, comme quatre vingt pour cent des pères dans cette situation, a pris la fuite. Églantine Eméyé dont le livre s’intitule Le Voleur de brosse à dents est restée très digne, confirmant ce que j’ai cru comprendre quand j’étais enfant: les grandes douleurs sont muettes et donnent à celui qui les affronte une force intérieure qui impose le respect.
En revanche, celui qui n’impose ni respect, ni empathie, c’est Laurent Baffie possédé lui, par une forme d’autosatisfaction qui l’a conduit à traiter Yann Moix de « merde » et, surtout, par un logiciel d’anagrammes – un anagrammeur – qui lui a permis de concocter un « Dictionnaire des noms propres » que je ne conseillerai à personne et surtout pas à ceux, linguistes, psychanalystes, poètes, qui ont pour la langue un véritable amour.
Heureusement, Arielle Dombasle était présente pour sauver ce qui pouvait l’être de cette lugubre soirée. Délicieuse comme toujours, elle est possédée par le rockabilly qu’elle renouvelle avec le groupe suisse: The Hillbilly Moon Explosion. Du Superoldie, oui. Mais avec Tarantino en plus et des clips à tomber en extase. Tout le monde pour une fois était sincèrement d’accord sur le plaisir que provoque ce nouvel album d’Arielle Dombasle, à l’exception de Léa Salamê qui se prenant pour la jeune de service le trouve daté et ringard. Pour la ringardise, elle repassera après s’être faite exorcisée. Arielle, elle, n’en a nul besoin. Elle plane – et nous avec elle.
Il est toujours troublant, quand on suit par mégarde un débat à la télévision (par exemple Ce soir ou jamais, hier 16 octobre) et qu’il est question d’Israël et de la Palestine, de ne jamais entendre un participant rappeler les liens plus qu’étroits entre les nazis et les musulmans, alors que de nombreux ouvrages d’historiens ont rappelé des faits qui projettent sur l’actualité récente un passé peu glorieux. Depuis le grand mufti El-Husseini de Jérusalem, un père spirituel d’Arafat, qui projetait en 1946 de poursuivre le combat d’Hitler jusqu’à Sayyid Qutb – le Karl Marx du monde musulman – pour lequel tout ce qui est juif est mauvais et tout ce qui est mauvais est juif… Haine des Juifs donc largement partagée et haine des Américains dans une logique imparable du Complot.
Le dernier livre paru sur ce sujet est Djihâd et haine des juifs de Matthias Küntzel (Le Toucan) avec un avant-propos de Boualem Sansal qui, lui au moins, est conscient du problème. Sans comprendre pourquoi les Européens se montrent d’une incroyable hypocrisie dès lors qu’on détricote le fil rouge de cette haine congénitale des Juifs qui débute avec Mahomet à Médine et se poursuit avec l’Intifada présente.
Mais d’où vient, selon l’historien Matthias Küntzel interrogé dans Le Point (n°2249), cette occultation de la réalité par les intellectuels ? Pourquoi les appels à détruire Israël et à exterminer les Juifs ne sont-ils pas pris au sérieux ?
Réponse de Küntzel: « Parce que les Arabes sont condamnés à jouer le rôle des opprimés que des intellectuels condescendants cherchent constamment à excuser. »
Il s’agirait d’une forme de racisme paternaliste, le racisme étant la chose la mieux partagée du monde, y compris par ceux qui se montrent le plus vigilants à son égard. C’est une hypothèse. Il y en a sans doute d’autres. À chacun d’en tirer ses conclusions … provisoires. Forcément provisoires.